Steven C Richard
- Collectivité d’origine :
Saint-Laurent, Manitoba - Identité culturelle :
Métis, Français, Saulteaux
- Poste actuel :
Division scolaire Lord Selkirk
Conseiller en éducation autochtone - Éducation et formation :
Baccalauréat en travail social, 1995
Université du Manitoba (Winnipeg Education Centre)
1986 à 1991 Secteur des finances, assurance et gestion financière
1977 à 1986 Secteur de la construction, communautés des Premières Nations du Nord et des Métis - Rôles et responsabilités :
École secondaire régionale Lord Selkirk, conseiller auprès des élèves autochtones des Premières Nations et Métis, facilitateur du programme Promoting Aboriginal Student Success (PASS) et conseiller favorisant la réussite scolaire chez les élèves autochtones de la division scolaire.
« Quand je regarde le présent, si le temps le permet, il faut prendre les meilleures décisions pour répondre à nos aspirations; si elles sont bonnes, il faut les mettre en action! »
Quels obstacles avez-vous eu à affronter et comment les avez-vous surmontés?
Lorsqu’on m’a dit : « Cache-toi, ils arrivent », j’ai dû une fois me cacher derrière le poêle en fonte où il faisait très chaud et une autre fois derrière des buissons jusqu’à ce que ma grand-mère vienne me chercher. C'était durant la période où la Société d’aide à l'enfance enlevait les enfants de leurs parents, période que je connais maintenant comme la « Rafle des années soixante »!
Ensuite, lorsque mes parents se sont séparés quand j'ai eu huit ans. Les deux ont fréquenté des écoles résidentielles. Il y a eu beaucoup d’abus d'alcool et de violence physique. Peu après notre déménagement du nord de la province au quartier nord de la ville de Winnipeg, nous avons été placés dans des foyers d'accueil; mes deux frères ont vécu avec un couple sans enfant et j’ai été chez un couple qui avait beaucoup d’enfants. C'est là que les mauvais traitements physiques et émotifs se sont poursuivis. Une fois, j’ai dû être transporté à l’hôpital pour enfants. Je me souviens d'être allé au grand palais de justice avec ma mère d’accueil et de ne pas pouvoir retourner avec mon père cette journée-là. Je peux encore le voir partir sans moi avec un de mes frères et j’ai commencé à pleurer, « Et moi? ». Ce n'était que plus tard qu’il a eu la garde complète de nous.
Mon père est devenu chef de famille monoparentale qui était très rare à ce temps-là. J’ai commencé à faire la cuisine et le ménage à la maison pour aider mon père et mes frères. Je pouvais cuire un rôti, des patates et des légumes à l’âge de neuf ans.
Je me souviens de notre première journée à notre nouvelle école; personne ne nous a accompagnés. On marchait proche l’un de l’autre à travers le terrain de jeu et l'entrée principale, jusqu’au bureau, et je peux encore entendre les adultes dire : « Ils n’ont pas de parents avec eux ». C’est une des nombreuses blessures qui ne guérissent jamais! Nous avions tellement peur.
Il y a également la fois où j’ai été très malade d’une fièvre rhumatismale à l’âge de 10 ans. J’ai été hospitalisé pour la majorité de la 6e année, mais j’ai terminé mon enseignement à domicile grâce à mon enseignant, M. Green. J’ai réussi mon année.
Ces expériences et multiples autres ont suscité chez moi beaucoup « d’empathie », une vertu qui est essentielle aujourd’hui pour les relations avec les élèves et les adultes de tous les âges. En raison de cette souffrance, j’ai enfoui mon traumatisme émotionnel au plus profond de moi et je me suis concentré sur mes études jusqu’à ce que je puisse faire face à ce mal à l’âge de 22 ans quand j’ai rencontré mon Créateur et plus tard lorsque je fréquentais l’université.
Qu’est-ce qui ou quelle est la personne qui vous a inspiré à poursuivre la profession que vous exercez maintenant?
Je crois que j'étais en 9e année quand j’ai eu l’idée de devenir enseignant. Mon enseignant de sciences humaines savait comment susciter mon intérêt pour les prochaines leçons sur l’histoire et le monde. Lorsqu’il racontait ses histoires, il créait beaucoup d’images dans mon esprit. À cause de cela, j’ai développé une forte mémoire visuelle.
C’est encore à l’âge de 27 ans, lorsque mon père est décédé, que j’ai entendu une voix interne me disant, « N’oublie pas que tu voulais devenir enseignant ». J’ai entendu ce même message plusieurs fois et il s'est amplifié au cours des années suivantes. Ce même message, « N’OUBLIE PAS QUE TU VOULAIS DEVENIR ENSEIGNANT! », devenait de plus en plus clair et fort et à l’âge de 29 ans, je l’ai pris très au sérieux et j’ai réfléchi à comment procéder pour réaliser cet objectif en étant marié et avec une jeune famille.
J’avais fait une demande à la Faculté de l'éducation, mais cette voix interne me disait de présenter une demande à la Faculté du travail social. Et voilà que j’ai été accepté en travail social. Après l’obtention de mon diplôme, j’ai été embauché dans le domaine de l'éducation.
Peu avant l’obtention de mon diplôme, on m'a proposé deux postes : un poste pour aider à la restructuration de la Section des familles d’accueil des Services à l'enfant et à la famille autochtones, et un autre, celui que j’ai choisi, un nouveau poste avec la Division scolaire Lord-Selkirk qui, à ma connaissance, était le premier modèle de poste de conseiller en éducation autochtone dans la province. Nous avons maintenant plusieurs conseillers en éducation autochtone dans nos écoles.
Quelles décisions importantes avez-vous prises qui vous ont aidé à être là où vous êtes aujourd'hui?
Quand j’ai eu 15 ans, mon père s'est remarié et a décidé de réaménager au nord. Il m’a donné le choix de rester en ville puisque je commençais mes études secondaires. J’ai eu à trouver du travail après l’école et pendant les fins de semaine et à trouver un logement. Ce qui voulait dire que je devais payer mon propre loyer et mes repas avec l'argent que j’avais gagné. C’est exactement ce que j’ai fait et je suis indépendant depuis ce temps-là.
Après le décès de mon père, j’ai décidé que c’était le temps de poursuivre mes études universitaires. Aucun membre de ma famille n’avait étudié à l’université. Depuis que j’ai obtenu mon diplôme, plusieurs membres de ma famille ont aussi obtenu leurs diplômes universitaires, y compris nos petits-enfants.
Plusieurs fois, j’ai presque abandonné mon rôle de porte-parole pour les élèves autochtones, mais en fin de compte, j’ai continué à encourager les élèves à persévérer dans leurs études et à poursuivre des études supérieures en leur disant : « Cette persévérance assurera un meilleur mode de vie pour vous et votre famille ». Je remarque cependant que peu d’entre eux sont embauchés quand ils postulent à un emploi! Il y a très peu d'enseignants des Premières Nations et Métis. Mais plus le temps passe, plus je garde espoir que cela va changer, particulièrement lorsque le nombre d’élèves de notre division scolaire reflètera le rapport élèves-enseignant autochtones.
Message d’encouragement :
Quand je regarde en arrière, j’ai appris très tôt que les gens plus âgés et les Aînés sont nos conteurs d’histoire, et que leur sagesse peut nous guider et être une source d’espérance.
Quand je regarde le présent, si le temps le permet, il faut prendre les meilleures décisions pour répondre à nos aspirations; si elles sont bonnes, il faut les mettre en action!
Quand je pense à l'avenir, je vois que nos enfants et leurs enfants tireront profit de nos bons choix. Ils seront plus forts et prêts à faire face à n’importe quelle situation.
Ayez espoir en votre foi, votre santé, votre famille, vos finances et vos amitiés.