Cadre de L'APPRENTISSAGE

Programme FRANÇAIS

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Le rôle de l’école francophone en milieu minoritaire


Depuis l’entrée en vigueur de l’Article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés, des structures de gestion scolaire par la minorité ont été établies dans toutes les provinces et tous les territoires : un système éducatif spécifique, mis en place pour les francophones et géré par eux, est désormais opérationnel. Ce système éducatif s’appuie sur le rôle particulier, soit le rôle langagier, culturel et identitaire, qui est assigné à l’école francophone en milieu minoritaire.

Ce rôle particulier dépasse celui d’une école en milieu majoritaire : outre les savoirs, le savoir-faire, le savoir-être et le savoir-vivre ensemble, développés par le système scolaire, l’école francophone en milieu minoritaire doit développer le savoir-devenir francophone particulièrement nécessaire aux futurs bâtisseurs (Landry et Allard, 1999) qui assureront la vitalité des communautés francophones.

Ainsi, l’école francophone valorise le français dans son statut de langue première. Elle vise à développer chez l’élève :

L’école francophone en milieu minoritaire consciente de son rôle met en place une pédagogie et une vie scolaire particulières, afin de mieux répondre aux besoins de ses élèves qui sont exposés à deux langues officielles qui n’occupent pas les mêmes espaces. Pour ce faire, elle doit engager l’élève dans sa construction langagière, identitaire et culturelle (CLIC).



La construction langagière, identitaire et culturelle (CLIC)


L’école francophone en milieu minoritaire accueille des élèves provenant de divers milieux familiaux ayant tous leurs façons de dire, de penser et d’être. Cette richesse culturelle hétérogène constitue pour l’élève une dimension importante à son cheminement identitaire. Pour sa part l’école doit tenir compte de cette hétérogénéité et contribuer à son tour à la construction langagière, identitaire et culturelle des élèves qui sont des acteurs dynamiques dans leur cheminement. Ainsi les expériences vécues dans son contexte scolaire contribueront à la construction de son présent et de son futur francophone, individuel et collectif.

 


En milieu minoritaire francophone, l’élève développe un rapport à la langue. Les expériences scolaires influent sur ce rapport et l’image que se fait l’élève de ses compétences langagières. Le vécu scolaire contribue à la construction langagière de l’élève, au processus du développement de son répertoire langagier, ce qui renforce son sens d’appartenance et sa sécurité linguistique.

La construction langagière est un processus continu qui évolue tout au long de la vie dans divers contextes authentiques. Ce processus continu permet à l’élève de se dire, de dire le monde et d’avoir un pouvoir sur sa parole et la parole des autres (Buors et Lentz, 2010).

En contexte scolaire, la construction langagière doit franchir les limites temporelles des horaires, et même, de la classe. Elle permet à l’élève de s’approprier la langue comme un outil de communication, d’apprentissage et de réflexion et un vecteur de construction identitaire et culturelle dans l’apprentissage des matières scolaires, et par les interactions en classe et hors classe tout au long de la journée.

La langue comme outil de communication

L’élève utilise la langue pour interagir avec les autres, comprendre et communiquer ses apprentissages ou des messages, pour échanger ses opinions, ses sentiments, ses émotions, ses expériences, de multiples façons.

La langue comme outil de réflexion

L’élève utilise la langue pour explorer, nommer, verbaliser, se représenter la réalité qui l’entoure de diverses façons et ainsi, poser des gestes sur cette réalité. Il utilise la langue pour « mettre sa pensée en mots », tout en s’exprimant de façon multimodale, pour articuler sa pensée et confronter ses idées à celles des autres afin de les confirmer, de les remettre en question ou de les nuancer.

La langue comme outil d’apprentissage

L’élève utilise la langue pour : construire et coconstruire ses savoirs (savoir, savoir-agir, savoir-faire, savoir-être, savoir-vivre ensemble et savoir-devenir), donner un sens à ses apprentissages, réfléchir, élargir et affiner sa compréhension du monde, faire siennes les démarches d’apprentissage, collaborer avec les autres et enrichir sa pratique de la langue elle-même.

 

La langue comme vecteur de construction identitaire et culturelle

L'élève utilise la langue pour :

  • faire siennes les valeurs culturelles qu’elle véhicule;
  • se construire un répertoire varié de référents et de repères culturels qui lui sont pertinents afin de pouvoir les apprécier et s’en inspirer pour en créer de nouveaux;
  • vivre des expériences riches qui lui permettront de développer son rapport à soi, à l’autre, à la langue et au monde;
  • développer une appartenance à la communauté francophone et pour devenir un acteur engagé dans son rôle de futur bâtisseur qui contribue à l’épanouissement de la collectivité francophone.


L’école, par l’intermédiaire de tous ses intervenants et de son environnement, joue un rôle fondamental dans la construction culturelle et identitaire de l’élève francophone en milieu minoritaire.

Elle est un véhicule qui lui permet de développer son potentiel et de s’exprimer de multiples façons tout en favorisant une affirmation de soi, une autonomie croissante et un sentiment d’appartenance à sa communauté francophone.

La construction culturelle et identitaire repose sur un milieu scolaire qui assume son rôle de passeur culturel; valorise la diversité humaine et s’engage dans un processus de réconciliation; reconnait l’élève francophone comme créateur et futur bâtisseur; qui favorise la concertation entre l’école, le foyer et la communauté.


Un milieu scolaire qui assume son rôle de passeur culturel

Le milieu scolaire en contexte minoritaire, étant souvent le seul espace hors du foyer où vit le français pour des jeunes et leurs familles, se doit d’actualiser son rôle de passeur culturel. Ce rôle est de/d’ :

  • donner accès à l’élève à une vaste gamme de produits culturels français ainsi qu’à une variété d’intervenants de la communauté francophone;
  • accompagner l’élève dans ses initiatives et ses créations;
  • agir comme modèle francophone ouvert à la diversité culturelle;
  • contribuer à l’éveil de l’élève en tant que créateur francophone.

En tenant compte de ce rôle, l’école francophone assume la responsabilité de baigner les élèves dans des produits culturels (lieux, personnes, textes, événements, organismes, jeux, émissions, média-sociaux, créations des élèves, etc.) afin de créer une multitude de référents, d’images et de valeurs associés à la langue française. Elle contribue ainsi au processus de construction identitaire et culturelle qui se fait au-delà de la transmission culturelle où l'élève n'est que spectateur ou récepteur.

Afin de maximiser l’impact de cette consommation de produits culturels et de la rendre pertinente dans le vécu de l’élève, une consommation significative est nécessaire. Par exemple, il ne suffit pas de simplement visionner une pièce de théâtre, mais de susciter chez l’élève des interactions à plusieurs niveaux telles que la réflexion, l’analyse, les pensées créative et critique, la réaction personnelle et toute autre intervention favorisant la construction de sens. Comme on lui donne l’occasion de réfléchir, de réagir et de partager, l’élève francophone s’engage à créer des liens personnels et à attribuer une importance à ces référents culturels. Une consommation significative allant au-delà d’une simple transmission culturelle lui permet donc de créer des images positives de sa culture ainsi que d’assurer la continuation de sa propre consommation personnelle de produits culturels français.

Un milieu scolaire qui valorise la diversité humaine et s’engage dans un processus de réconciliation

Les écoles francophones du Manitoba reflètent la riche diversité humaine de la province. Il est donc essentiel qu’elles valorisent cette diversité en s’ouvrant aux autres, en acceptant et en respectant toutes les personnes, en promouvant et en renforçant un milieu d’apprentissage positif, sécuritaire et inclusif pour tous. Dans le cadre des appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation (CVR) du Canada, il est également nécessaire qu’elles s’engagent dans un processus de réconciliation (CVR) tout en infusant les perspectives autochtones.

Cette diversité humaine contribue à la construction identitaire et culturelle de l’élève et influence ses créations et ses interactions, ses façons de percevoir le monde, de penser, et de donner un sens à ses apprentissages. Pour valoriser cette diversité humaine, le milieu scolaire :

  • tient compte des similarités et des différences inhérentes à chacun qu’elles soient d’ordre physique, personnel, intellectuel, linguistique, socio-économique ou culturel (p. ex. : habiletés cognitives, compétences, identité de genre, orientation sexuelle, âge, identité ethnique, ascendance, patrimoine, valeurs, croyances, spiritualité, santé, situation familiale et géographique, langue, contexte socio-économique, référents ou repères culturels, modes de vie).
  • reconnait les diverses façons d’apprendre et de voir le monde.

La valorisation de la diversité humaine se reflète également dans un engagement envers le processus de réconciliation (CVR) et dans l’infusion des perspectives autochtones afin de permettre à tous les élèves de/d’ :

  • acquérir un point de vue éclairé et bien fondé sur les questions historiques et contemporaines concernant les peuples autochtones;
  • développer son intelligence culturelle, c’est-à-dire ses compétences culturelles, interculturelles et transculturelles nécessaire à la compréhension et au respect de soi et d’autrui, ainsi que la capacité de créer et de nourrir des relations saines;
  • s’ouvrir à différentes façons d’être, de connaître et de faire autochtones et de les valoriser;
  • contribuer à l’épanouissement de leur identité individuelle, collective et nationale en tant que Canadien informé, engagé et responsable.

Cette intégration ne se limite pas à des activités isolées, sans profondeur et hors contexte. Bien au contraire, les contenus reflétant les savoirs et les cultures autochtones et les approches pédagogiques inspirées par la vision du monde autochtone, doivent être infusés de façon naturelle, pertinente et signifiante et répondre à un besoin authentique.

Pour en savoir davantage :

Un milieu scolaire reconnaissant l’élève francophone, comme créateur et futur « bâtisseur »

Être créatif est essentiel pour l’élève francophone en milieu minoritaire. Créer, c’est se produire, se dire, s’exprimer. En lui donnant le pouvoir de créer, le milieu scolaire permet à l’élève francophone de penser, de s’affirmer, d’oser, de se donner le droit de prendre des initiatives, voire même de sortir des sentiers battus pour réinvestir dans sa communauté. Non seulement une façon de se connaître et de découvrir le monde, la pensée créative favorise une ouverture – une ouverture pour voir différentes possibilités et en créer d’autres. Ce pouvoir, à long terme, développera chez l’élève francophone un esprit créateur, un outil nécessaire pour aménager de nouveaux espaces francophones. En créant, l’élève affiche ses couleurs, se définit et laisse des traces de qui il est. La création est un processus par lequel on s’explore et on devient, c’est en fait un travail sur soi. Il est primordial de mettre l’accent sur le volet de la production et de la création afin de former des créateurs, des activistes et des penseurs. Ces personnes deviendront des citoyens aptes à participer pleinement à la vie de la société en faisant preuve d’empathie, d’imagination et de créativité, des futurs « bâtisseurs » (Landry et Allard, 1999, p. 403-433) qui assureront la vitalité des communautés francophones à l’avenir.

Un milieu scolaire favorisant la concertation entre l’école, le foyer et la communauté

En milieu minoritaire, l’école francophone se doit d’être « un lieu d’apprentissage, de socialisation et de construction identitaire, en osmose avec la communauté qu’elle dessert » (Table nationale sur l’éducation, 2012, p. 9), c’est-à-dire une École communautaire citoyenne. Ainsi, cette dernière repose sur trois piliers, l’école, le foyer et la communauté pour mettre en œuvre sa vision.

La concertation entre l’école, le foyer et la communauté est cruciale à la réussite scolaire et aux essors linguistique, identitaire et culturel des élèves francophones du Manitoba. Chacun de ces piliers contribue à sa façon aux développements langagier, culturel et identitaire de l’élève. De fait, l’interaction entre ces trois partenaires crée une dynamique puissante et signifiante qui contribuera à la vitalité, à la pérennité et à l’épanouissement de la communauté francophone en milieu minoritaire.

Dans cette optique, il est essentiel que l’élève vive des expériences de partenariat en français, à l’école, au foyer et dans la communauté pour que celles-ci aient un sens à l’école et en dehors de l’école. Ainsi, plus l’élève fera des liens entre l’usage du français et la place qu’occupe cet usage dans des contextes scolaires, parascolaires ou communautaires, plus il en verra la pertinence et développera un sens d’appartenance à la communauté francophone. Les expériences vécues où l’école, le foyer et la communauté collaborent à un même but, permettent à l’élève de s’actualiser comme francophone et de donner de la valeur à ces expériences.

L’école est donc un véhicule privilégié par lequel les valeurs, les mœurs, les savoirs et les croyances d’une collectivité sont conçus, partagés et transmis aux futures générations. La concertation entre l’école, le foyer et la communauté contribuera à la vitalité de la communauté francophone en s’appuyant l’une l’autre dans la poursuite de buts communs.

Afin d’actualiser cette concertation, il importe à l’école francophone en milieu minoritaire, d’offrir à l’élève plusieurs occasions de socialiser en français, d’agir et d’interagir à l’école et dans la communauté. Pour ce faire, l’école, en lien avec ses programmes d’études, favorise la collaboration à des projets communs, p. ex. : entre les élèves de différents niveaux d’une école, entre des élèves et les gens de la communauté ou des organismes francophones, entre des élèves de différentes écoles.

Un milieu scolaire allant au-delà d’une transmission culturelle, favorisant la pensée créative, et la concertation entre l’école, le foyer et la communauté permet à l’élève francophone de s’épanouir. En plus, ce milieu donne l’occasion à l’élève francophone d’utiliser son imagination, de nourrir sa créativité, d’exprimer sa pensée et ses sentiments, de prendre la parole, de faire preuve de curiosité, de poser des questions, d’affirmer son identité francophone, de développer un sens d’appartenance à la francophonie et de découvrir la richesse de sa culture.




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