Reid Bouvier

Novembre 2024

Reid Bouvier

  • Collectivité d’origine :
    San Clara et de Boggy Creek au Manitoba
  • Identité culturelle :
    Métisse
  • Poste actuel :
    Je donne actuellement des cours de sciences humaines dans un programme d’éducation alternatif qui s'appelle Flexible Education à Steinbach Regional Secondary School.
  • Éducation et formation :
    Baccalauréat en éducation, Université de Manitoba – 2015

    Spécialisée en éducation autochtone, en histoire du Canada et en littérature anglaise
  • Rôles et responsabilités :
    Les enseignants dans notre programme créent des plans d'apprentissage individualisés pour les élèves qui ont des besoins en matière d’apprentissage et d’autres défis qui les empêchent de réussir dans les salles de classe ordinaires.

    Nous offrons des soutiens additionnels comme le mentorat, l’établissement de relations, les compétences essentielles, l’engagement communautaire et l’enseignement spécifique à la culture.
« Si je n’avais pas connu mon identité et mon appartenance, il y a de fortes chances que je serais encore à la recherche d’un sens à donner à ma vie et d’un sentiment d’appartenance comme adulte. »

Taanshi. Je m’appelle Reid Bouvier. J’ai grandi dans la région et aux alentours d’une petite communauté métisse de San Clara et de Boggy Creek au Manitoba. Les familles d’origine ont construit leur propriété familiale dans les zones limitrophes de la région de Duck Mountain, où elles croyaient que le gouvernement ne les dérangerait pas. Quand je grandissais, ma famille se déplaçait assez souvent, mais restait toujours relativement près de notre communauté d’origine.

Avant la Loi de 1870 sur le Manitoba, ma famille habitait dans la colonie de la Rivière-Rouge, mais a été expulsée de la propriété familiale dans le cadre du processus de certificat de concession à la suite de la Rébellion de la Rivière-Rouge. Certains membres étaient allés vivre chez nos cousins des Premières Nations dans la région de Turtle Mountain. D’autres s’étaient rendus plus à l’ouest à Batoche. Nous avons des racines historiques dans la région de Shell River Valley et de Duck Mountain qui s'étendent jusqu’aux années 1700. Je crois que c’est la raison pour laquelle ma famille est revenue à cette région et s'est installée à Boggy Creek.

Je me considère comme un fier citoyen de la Nation métisse. Mes ancêtres étaient des marchands de fourrures, des chasseurs de bisons, des fermiers et des transporteurs. Après l’effondrement du commerce des fourrures et la disparition des bisons des Prairies, nous avons plutôt suivi le travail saisonnier. Nous avons toujours été des travailleurs acharnés qui habitent des petites communautés très unies.

Lorsque j’étais au début de ma vingtaine, j’ai travaillé sur les plateformes pétrolières partout dans l’Ouest canadien tout en étudiant à l’Université du Manitoba durant les mois d’hiver. Je remercie mes parents de m'avoir inculqué des valeurs de travailleur et de m’avoir encouragé à faire quelque chose qu’aucun membre de ma famille n'avait essayé. Les études postsecondaires nous étaient inconnues, mais mes parents savaient que je pouvais bien y réussir, et ce sont leur appui et leurs encouragements qui m’ont amené là où je suis aujourd’hui.

J’ai fréquenté l’Université du Manitoba et j’ai obtenu mon baccalauréat en éducation en 2015. Au cours de mes études, j’ai fait un stage pédagogique du Nord offert par la Faculté de l'éducation à Gillam au Manitoba. Je me suis spécialisée en éducation autochtone, en histoire du Canada et en littérature anglaise.

Je donne actuellement des cours de sciences humaines dans un programme d’éducation alternatif qui s'appelle Flexible Education à Steinbach Regional Secondary School. Les enseignants dans notre programme créent des plans d'apprentissage individualisés pour les élèves qui ont des besoins en matière d’apprentissage et d’autres défis qui les empêchent de réussir dans les salles de classe ordinaires. Nous offrons des soutiens additionnels comme le mentorat, l’établissement de relations, les compétences essentielles, l’engagement communautaire et l’enseignement spécifique à la culture. Je donne également le cours Premières Nations, Métis et Inuit : sujets d'actualités, 12e année et le cours Histoire du Canada, 11e année.

Très récemment, j’ai été nommé conseiller d’apprentissage autochtone auprès de notre division scolaire.  À partir de février 2025, j'assumerai ce rôle à temps plein. Dans ce rôle, je souhaite encourager les enseignants à l'échelle de la division scolaire à intégrer l'enseignement autochtone dans leurs pratiques d'enseignement quotidiennes et à aider à établir des relations avec les communautés autochtones dans cette région. Ce rôle m’éloignera du travail d’enseignant en salle de classe, mais m’offrira de nouvelles possibilités et des aventures que j’ai très hâte de commencer.

Je m'arrête souvent pour réfléchir sur ce qui m’a amené là où je suis aujourd’hui. Compte tenu des choix de carrières des membres de ma famille, cela aurait été plutôt typique d’orienter ma carrière dans un secteur tel que la construction, l'exploitation forestière ou le camionnage. La plupart des hommes dans ma famille travaillaient de longues heures, éloignés de leur foyer pendant des semaines et des mois. Ma sœur a toujours aimé les animaux et le plein air. Elle est devenue très bonne en course de barils et est meilleure que moi à la chasse. Souvent, lorsqu’elle était dehors en train de s’entraîner pour les rodéos, j’étais concentré dans ma lecture ou dans ma rédaction sur mon ordinateur. J’avais de la chance d’avoir quelques amis qui ont fréquenté l’université qui m’ont aidé à m’acclimater en première année. J’avais de la chance d'avoir deux parents qui se souciaient de ma réussite future. J'avais de la chance d'avoir un intérêt à travailler avec le monde et à étudier des matières telles que l’éducation autochtone et l’histoire du Canada.

Je crois que c'est aussi mon grand-père qui m'a inspiré à devenir un enseignant. C'est grâce à lui que j’ai commencé à rechercher mes origines métisses. Avant qu’il tombe malade et qu’il commence à oublier certaines choses, je me souviens d'avoir voyagé avec lui au lieu de naissance d’un de nos lointains ancêtres. Nous avons marché sur les mêmes terres qu’il a parcourues. Nous avons placé nos mains dans le sol et avons senti le vent du lac. Je crois que nous avons tous deux ressenti un attachement à la terre et à cette expérience. J’ai senti que j’établissais un lien avec quelque chose d’important. Après cette expérience, je savais que je voulais un meilleur avenir, mais je voulais également que les autres puissent découvrir leurs cultures, souvent perdues et oubliées, de manière significative.

Je crois que c'est très important d’autonomiser les jeunes autochtones de cette façon. Si je n’avais pas connu mon identité et mon appartenance, il y a de fortes chances que je serais encore à la recherche d’un sens à donner à ma vie et d’un sentiment d’appartenance comme adulte. Je suis reconnaissant pour le cheminement et les possibilités dont j’ai bénéficié grâce à mon éducation. J’espère que je pourrai faire partie de la réindigénisation de la société canadienne par l’éducation au fur et à mesure que nous préparons l'avenir.